Les fêtes de fin d’année d’autrefois, de par chez nous…


Il y a quelque temps déjà, pour le journal communal, nous avions rencontré deux anciens de la commune, M. Augustin RAOUL et Désiré CONNAN, qui nous avaient parlé de la période des fêtes, dans leur enfance (années 1930).

noel 50 ans 1Le soir de Noël, nous brûlions une grosse buche dans la cheminée et on en gardait une partie, pour la remettre dans l’âtre, les jours de tonnerre. Ces braises et restes de buche étaient censés éloigner l’orage et la foudre tout au long de l’année, si besoin.
Comme cadeau de Noël, nous avions un chocolat en forme de sabot de bois, avec un Jésus en sucre dessus. Un jour à l’école, exceptionnellement, nous avions tous reçu une orange, et c’était notre cadeau avant de rentrer à la maison, pour les vacances.

Lorsqu’il n’y avait pas de messe de Noël, « oferenn hanternoz », ou alors directement après la messe, on allait à pied, en famille, boire un café chez les voisins, les amis. Le 25, il y avait un petit plus dans le repas. Mais nous étions aussi en pleins travaux de semailles dans les champs, à la veille de Noël, ce qui nous prenait beaucoup de temps. Avant d’aller se coucher, on mettait nos sabots auprès de la cheminée. A cette époque, nous n’avions pas de cadeaux de valeur, mais plutôt le nécessaire, comme des chaussures neuves, ou un livre d’école, si un enfant devait en avoir un. Mais pas de Père Noël en ce temps là ; c’était le petit Jésus ou ses anges qui étaient censés apporter les cadeaux.

noel 50 ans 2Pour le soir de Noël, il existait une superstition étonnante... le « adkoan » (que l’on peut traduire littéralement par « autre soupe ») Lorsque l’on revenait du café chez les voisins, il fallait passer rredonner à manger aux animaux de la ferme. Nous leur donnions de la paille ou du foin, avant d’aller au lit, car le soir du 24 décembre, les animaux avaient un don : à minuit, ils parlaient comme les humains ! Ainsi, on leur faisait plaisir pour qu’ils parlent en bien de leurs patrons. Cela leur occupait également la mâchoire… pour qu’ils n’en disent pas de mal !

Dans ma jeunesse, nous avions la chance de faire le Kouignaoua, que l’on pourrait traduire par « la quête de gâteaux ». Les enfants allaient de maison en maison –un peu comme pour Halloween de nos jours- pour avoir des crêpes, des gâteaux… parfois des pièces. C’était le 26 décembre. Le lendemain de Noël, il y avait en effet des restes de gâteaux et de sucreries, dans les maisons où l’on avait fêté Noël la veille. Les enfants d’ici avaient une phrase en Breton qui nous venait naturellement, lors que nous n’avions pas eu grand-chose dans une maison : « N’em eus bet mann ebet gant i, met a krampouezhenn louedet, ha ne oa ket bet hanter lardet » ce qui veut dire « Je n’ai rien eu avec elle, seulement une crêpe moisie et qui n’était même pas à moitié beurrée ».

noel 50 ans 3Le premier janvier, les gens les moins âgés allaient voir les doyens du village, du quartier. C’était le « de’kentan bloa ». On prenait plus de temps ensemble, avec les voisins. Il fallait passer partout, surtout la famille et chez les amis . C’était toujours les plus jeunes qui allaient voir les plus anciens, comme c’est toujours le cas aujourd’hui. On disait : « Bloavezh mat a souhetan deoc’h ! gant yec’het ha prosperite hag ar Baradoz e fin ho puhez ! » ce qui se traduit par « Je vous souhaite la bonne année ! avec santé et prospérité, et le paradis à la fin de votre vie ! ». On jouait aux cartes entre jeunes, alors que les anciens se réchauffaient et fumaient la pipe, assis au chaud dans l’âtre de la cheminée. Les anciens jouaient aux dominos. Ceux de 14 discutaient et parfois le ton montait entre eux, car ceux qui avaient fait Verdun avaient un statut supérieur.

Ainsi, étaient les fêtes il y a près de cent ans…